Édition du mercredi 11 janvier 2017
Pollution : la situation « empire », selon les experts
Réunis hier à Paris par le Réseau action climat, plusieurs médecins et chercheurs ont appelé les élus locaux à agir de façon plus volontariste sur les problèmes de pollution liés à la circulation automobile.
« Les choses empirent ». C’est le message qu’ont voulu délivrer les experts réunis hier – pneumologues, chercheurs à l’Inserm et responsables associatifs. En rappelant un chiffre effrayant : 48 000 décès chaque année sont imputables à la pollution de l’air – c’est-à-dire autant que les morts dues à la consommation d’alcool. En cause, tout particulièrement, les particules fines – les fameuses PM10 et PM2,5 – qui s’incrustent profondément dans les poumons et touchent plus gravement encore les jeunes enfants. En effet, a expliqué hier Jocelyne Just, cheffe du service d'allergologie pédiatrique à l'hôpital parisien Armand-Trousseau, les enfants respirent plus vite, et inhalent donc davantage de particules, d’autant que le transport en poussette, près du sol, les expose de plus près que les adultes aux pollutions automobiles.
Les particules fines – dont la concentration a été soulignée lors des derniers pics de pollution, notamment en région parisienne, peu avant les fêtes – ont plusieurs sources : le transport, l’industrie, le chauffage et le secteur agricole. Selon les régions, la part de chacune de ces sources est très variable : à Paris par exemple, où il n’y a quasiment pas de chauffage au bois, 57 % des émissions de PM2,5 viennent du transport, selon les chiffres de l’Ademe publiés dans un document diffusé en décembre dernier par le Réseau action climat. Alors qu’à l’échelle de tout le pays, le chauffage est responsable de presque 50 % des émissions de PM2,5.
Sur les quinze dernières années, ont rappelé les experts, seule la pollution au dioxyde de soufre a significativement diminué (de 80 %). Les autres polluants ont stagné voire continué d’augmenter.
L’un des principaux leviers d’action pour améliorer la situation est donc de prendre des mesures pour diminuer la pollution due aux transports. Une partie importante du problème doit être traitée au niveau de l’État, en particulier la question du fret. On sait que, malgré les promesses, la question du ferroutage – consistant à mettre les camions sur des trains – est quasiment au point mort depuis des années. De même, c’est l’État qui est en mesure d’aider de façon beaucoup plus volontariste les collectivités locales à développer les transports en commun. En la matière, des signaux totalement contre-productifs ont été envoyés ces dernières années, comme le passage de la TVA sur les transports de 7 à 10 %, ou encore la diminution des seuils ouvrant obligation au Versement transport, en 2015. Sans parler, plus récemment, du blocage par le gouvernement de la proposition de loi de Ronan Dantec, soutenue par les associations d'élus, visant à attribuer une « dotation climat » aux collectivités et aux régions engagées dans un plan climat (lire Maire info du 21 décembre 2016).
Mais les experts et les associations ont aussi rappelé que les élus locaux disposent de nombreux outils pour agir à l’échelle de leur territoire, ce qui passe par des mesures « volontaristes » pour « réduire la circulation automobile ». « Il faut trouver le courage d’aller jusqu’au bout et de les appliquer », a martelé Isabella Annesi-Maesano, chercheuse à l’Inserm.
Pourquoi parler de « courage » ? Parce que les mesures de réduction du trafic automobile sont souvent non seulement impopulaires, mais qu’elles posent de surcroît des problèmes parfois complexes dans les relations entre les territoires. L’exemple de la ville de la Paris est significatif. La capitale a pris ces derniers mois, et continue de prendre des mesures visant à réduire fortement le trafic, avec des fermetures de voies, la mise en place de zones à circulation restreinte, l’obligation, à compter du 15 janvier prochain, de se munir d’une vignette Crit’air, ou encore, tout récemment, l’annonce d’une explosion du prix des amendes de stationnement à partir de 2018. Mais ces mesures, en plus de faire débat quant à leur efficacité en matière de pollution, ont tendu les relations entre la ville de Paris et les communes de banlieue, dont les maires rappellent que les salariés sont bien souvent obligés de prendre leur voiture pour aller travailler dans la capitale (lire Maire info du 30 novembre).
La réunion d’hier, et les appels réitérés aux maires pour qu’ils « agissent » contre la pollution, vont dans le même sens que l’actuelle doctrine du gouvernement, qui ne cesse de répéter que la question repose en grande partie sur les épaules des élus locaux. Une position évidemment entendable, mais que beaucoup de maires estiment insuffisante. Car en l’absence d’une politique volontariste de l’État pour aider les communes et intercommunalités à faire face à ces enjeux dramatiques, beaucoup d’élus se sentent bien seuls.
Télécharger la brochure du RAC Agir sur la mobilité et les transports face à l'urgence sanitaire et climatique.
« Les choses empirent ». C’est le message qu’ont voulu délivrer les experts réunis hier – pneumologues, chercheurs à l’Inserm et responsables associatifs. En rappelant un chiffre effrayant : 48 000 décès chaque année sont imputables à la pollution de l’air – c’est-à-dire autant que les morts dues à la consommation d’alcool. En cause, tout particulièrement, les particules fines – les fameuses PM10 et PM2,5 – qui s’incrustent profondément dans les poumons et touchent plus gravement encore les jeunes enfants. En effet, a expliqué hier Jocelyne Just, cheffe du service d'allergologie pédiatrique à l'hôpital parisien Armand-Trousseau, les enfants respirent plus vite, et inhalent donc davantage de particules, d’autant que le transport en poussette, près du sol, les expose de plus près que les adultes aux pollutions automobiles.
Les particules fines – dont la concentration a été soulignée lors des derniers pics de pollution, notamment en région parisienne, peu avant les fêtes – ont plusieurs sources : le transport, l’industrie, le chauffage et le secteur agricole. Selon les régions, la part de chacune de ces sources est très variable : à Paris par exemple, où il n’y a quasiment pas de chauffage au bois, 57 % des émissions de PM2,5 viennent du transport, selon les chiffres de l’Ademe publiés dans un document diffusé en décembre dernier par le Réseau action climat. Alors qu’à l’échelle de tout le pays, le chauffage est responsable de presque 50 % des émissions de PM2,5.
Sur les quinze dernières années, ont rappelé les experts, seule la pollution au dioxyde de soufre a significativement diminué (de 80 %). Les autres polluants ont stagné voire continué d’augmenter.
L’un des principaux leviers d’action pour améliorer la situation est donc de prendre des mesures pour diminuer la pollution due aux transports. Une partie importante du problème doit être traitée au niveau de l’État, en particulier la question du fret. On sait que, malgré les promesses, la question du ferroutage – consistant à mettre les camions sur des trains – est quasiment au point mort depuis des années. De même, c’est l’État qui est en mesure d’aider de façon beaucoup plus volontariste les collectivités locales à développer les transports en commun. En la matière, des signaux totalement contre-productifs ont été envoyés ces dernières années, comme le passage de la TVA sur les transports de 7 à 10 %, ou encore la diminution des seuils ouvrant obligation au Versement transport, en 2015. Sans parler, plus récemment, du blocage par le gouvernement de la proposition de loi de Ronan Dantec, soutenue par les associations d'élus, visant à attribuer une « dotation climat » aux collectivités et aux régions engagées dans un plan climat (lire Maire info du 21 décembre 2016).
Mais les experts et les associations ont aussi rappelé que les élus locaux disposent de nombreux outils pour agir à l’échelle de leur territoire, ce qui passe par des mesures « volontaristes » pour « réduire la circulation automobile ». « Il faut trouver le courage d’aller jusqu’au bout et de les appliquer », a martelé Isabella Annesi-Maesano, chercheuse à l’Inserm.
Pourquoi parler de « courage » ? Parce que les mesures de réduction du trafic automobile sont souvent non seulement impopulaires, mais qu’elles posent de surcroît des problèmes parfois complexes dans les relations entre les territoires. L’exemple de la ville de la Paris est significatif. La capitale a pris ces derniers mois, et continue de prendre des mesures visant à réduire fortement le trafic, avec des fermetures de voies, la mise en place de zones à circulation restreinte, l’obligation, à compter du 15 janvier prochain, de se munir d’une vignette Crit’air, ou encore, tout récemment, l’annonce d’une explosion du prix des amendes de stationnement à partir de 2018. Mais ces mesures, en plus de faire débat quant à leur efficacité en matière de pollution, ont tendu les relations entre la ville de Paris et les communes de banlieue, dont les maires rappellent que les salariés sont bien souvent obligés de prendre leur voiture pour aller travailler dans la capitale (lire Maire info du 30 novembre).
La réunion d’hier, et les appels réitérés aux maires pour qu’ils « agissent » contre la pollution, vont dans le même sens que l’actuelle doctrine du gouvernement, qui ne cesse de répéter que la question repose en grande partie sur les épaules des élus locaux. Une position évidemment entendable, mais que beaucoup de maires estiment insuffisante. Car en l’absence d’une politique volontariste de l’État pour aider les communes et intercommunalités à faire face à ces enjeux dramatiques, beaucoup d’élus se sentent bien seuls.
F.L.
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